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. }}Il t’en doit dire assez,
Cet objet, dont tes yeux nous paraissent blessés.

Lélie

Oui, je connais par là que vous êtes coupable
De l’infidélité la plus inexcusable,
Qui jamais d’un amant puisse outrager la foi.

Sganarelle
, à part.

Que n’ai-je un peu de cœur.

Célie

Que n’ai-je un peu de cœur. Ah ! cesse devant moi
Traître, de ce discours l’insolence cruelle.

Sganarelle

Sganarelle, tu vois qu’elle prend ta querelle,
Courage mon enfant, sois un peu vigoureux,
Là, hardi, tâche à faire un effort généreux,
En le tuant, tandis qu’il tourne le derrière.

Lélie
, faisant deux ou trois pas sans dessein, fait retourner Sganarelle qui s’approchait pour le tuer.

Puisqu’un pareil discours émeut votre colère,
Je dois de votre cœur me montrer satisfait,
Et l’applaudir ici du beau choix qu’il a fait.

Célie

Oui oui, mon choix est tel qu’on n’y peut rien reprendre.

Lélie

Allez, vous faites bien de le vouloir défendre.

Sganarelle

Sans doute elle fait bien de défendre mes droits :
Cette action Monsieur, n’est point selon les lois,
J’ai raison de m’en plaindre, et si je n’étais sage,
On verrait arriver un étrange carnage.

Lélie

D’où vous naît cette plainte ? et quel chagrin brutal…

Sganarelle

Suffit, vous savez bien où le bois me fait mal ;
Mais votre conscience et le soin de votre âme
Vous devraient mettre aux yeux que ma femme est ma femme,
Et vouloir à ma barbe en faire votre bien,
Que ce n’est pas du tout agir en bon chrétien.

Lélie

Un semblable soupçon est bas et ridicule,