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Non non, je vous rends grâce, autant qu’on puisse rendre,
335De l’obligeant secours que vous m’avez prêté.

Sganarelle, à part.

La masque encore après lui fait civilité !




Scène XV



Sganarelle, Lélie.


Sganarelle, à part.

Il m’aperçoit, voyons ce qu’il me pourra dire.

Lélie, à part.

Ah ! mon âme s’émeut et cet objet m’inspire…
Mais je dois condamner cet injuste transport,
Et n’imputer mes maux qu’aux rigueurs de mon sort.
Envions seulement le bonheur de sa flamme.
(Passant auprès de lui, et le regardant.)
Oh ! trop heureux d’avoir une si belle femme.




Scène XVI



Sganarelle, Célie regardant aller Lélie.


Sganarelle, sans voir Célie.

Ce n’est point s’expliquer en termes ambigus.
Cet étrange propos me rend aussi confus
Que s’il m’était venu des cornes à la tête.
(Il se tourne du côté que Lélie s’en vient d’en aller.)
Allez, ce procédé n’est point du tout honnête.

Célie, à part.

Quoi, Lélie a paru tout à l’heure à mes yeux,
Qui pourrait me cacher son retour en ces lieux.

Sganarelle poursuit.

Ô ! trop heureux, d’avoir une si belle femme,
Malheureux, bien plutôt, de l’avoir cette infâme,
Dont le coupable feu trop bien vérifié,
Sans respect ni demi nous a cocufié ;
(Célie approche peu à peu de lui, et attend que son transport soit fini pour lui parler.)
Mais je le laisse aller après un tel indice
Et demeure les bras croisés comme un jocrisse.
Ah ! je devais du moins lui jeter son chapeau,
Lui ruer quelque pierre, ou crotter son manteau,