dû vous offenser, et je suis criminel
D’avoir fait tout ceci sans l’aveu paternel ;
Mais à quelque dépit que ma faute vous porte,
La nature toujours se montre la plus forte ;
Et votre honneur fait bien, quand il ne veut pas voir
Que le transport d’Éraste ait de quoi m’émouvoir.
On me faisoit tantôt redouter sa menace ;
Mais les choses depuis ont bien changé de face ;
Et sans le pouvoir fuir, d’un ennemi plus fort
Tu vas être attaqué.
Point de moyen d’accord ?
Moi, le fuir ! Dieu m’en garde. Et qui donc pourroit-ce être ?
Ascagne.
Ascagne ?
Oui, tu le vas voir paroître.
Lui, qui de me servir m’avoit donné sa foi !
Oui, c’est lui qui prétend avoir affaire à toi,
Et qui veut, dans le champ où l’honneur vous appelle,
Qu’un combat seul à seul vuide votre querelle.
C’est un brave homme : il sait que les cœurs généreux
Ne mettent point les gens en compromis pour eux.
Enfin d’une imposture ils te rendent coupable,
Dont le ressentiment m’a paru raisonnable ;
Si bien qu’Albert et moi sommes tombés d’accord
Que tu satisferois Ascagne sur ce tort,
Mais aux yeux d’un chacun, et sans nulles remises,
Dans les formalités en pareil cas requises.
Et Lucile, mon père, a d’un cœur endurci…
Lucile épouse Éraste, et te condamne aussi ;