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Ma foi ! j’en suis d’avis, que ces penards chagrins
Nous viennent étourdir de leurs contes badins,
Et, vertueux par force, espèrent par envie
Ôter aux jeunes gens les plaisirs de la vie.
Vous savez mon talent, je m’offre à vous servir.

Lélie

Ah ! c’est par ces discours que tu peux me ravir.
Au reste, mon amour, quand je l’ai fait paraître,
N’a point été mal vu des yeux qui l’ont fait naître.
Mais Léandre, à l’instant, vient de me déclarer
Qu’à me ravir Célie il va se préparer :
C’est pourquoi dépêchons, et cherche dans ta tête
Les moyens les plus prompts d’en faire ma conquête.
Trouve ruses, détours, fourbes, inventions,
Pour frustrer mon rival de ses prétentions[1].

Mascarille

Laissez-moi quelque temps rêver à cette affaire.

(à part.)

Que pourrois-je inventer pour ce coup nécessaire ?

Lélie

Eh bien ! le stratagème ?

Mascarille

Eh bien ! le stratagème ?Ah ! comme vous courez !
Ma cervelle toujours marche à pas mesurés.
J’ai trouvé votre fait : il faut… Non, je m’abuse.
Mais si vous alliez…

Lélie

Mais si vous alliez…Où ?

Mascarille

Mais si vous alliez… Où ?C’est une foible ruse.
J’en songeais une…

Lélie

J’en songeais une…Et quelle ?

Mascarille

J’en songeais une… Et quelle ?Elle n’iroit pas bien.
Mais ne pourriez-vous pas… ?

Lélie

Mais ne pourriez-vous pas… ?Quoi ?

Mascarille

Mais ne pourriez-vous pas… ? Quoi ?Vous ne pourriez rien.

  1. Var. Pour frustrer un rival de ses prétentions