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Gorgibus

Il faut que j’aille délivrer ce pauvre garçon ; en vérité, s’il lui a pardonné, ce n’a pas été sans le bien maltraiter.

(Il entre dans sa maison, et en sort avec Sganarelle en habit de valet).
Sganarelle

Monsieur, je vous remercie de la peine que vous avez prise, et de la bonté que vous avez eue, je vous en serai obligé toute ma vie.

Gros-René

Où pensez-vous que soit à présent le médecin ?

Gorgibus

Il s’en est allé.

Gros-René, qui a ramassé la robe de Sganarelle.

Je le tiens sous mon bras. Voilà le coquin qui faisoit le médecin, et qui vous trompe. Cependant qu’il vous trompe et joue la farce chez vous, Valère et votre fille sont ensemble, qui s’en vont à tous les diables.

Gorgibus

Oh ! que je suis malheureux ! mais tu seras pendu, fourbe, coquin !

Sganarelle

Monsieur, qu’allez-vous faire de me pendre ? Écoutez un mot, s’il vous plaît ; il est vrai que c’est par mon invention que mon maître est avec votre fille ; mais, en le servant, je ne vous ai point désobligé : c’est un parti sortable pour elle, tant pour la naissance que pour les biens. Croyez-moi, ne faites point un vacarme qui tourneroit à votre confusion, et envoyez à tous les diables ce coquin-là avec Villebrequin. Mais voici nos amants.


Scène XVI

Valère, Lucile, Gorgibus, Sganarelle
Valère

Nous nous jetons à vos pieds.

Gorgibus

Je vous pardonne, et suis heureusement trompé par Sganarelle, ayant un si brave gendre. Allons tous faire noces, et boire à la santé de toute la compagnie.


fin du médecin volant