Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LE GUEUX DE MER

gues veilles, et brûlées par le soleil du midi.

Cependant un nouvel objet détourna bientôt son attention, et ses regards s’attachèrent à une chaloupe qui s’approchait. — Des amis, sans doute ! murmurait-il en cherchant à reconnaître ceux qui remplissaient la petite barque ; oui, de braves amis ! Voilà Joos de Moor et Claas Claassens. Mais le troisième ! — Sire Louis, dit-il au lieutenant, vous avez l’œil d’un aigle ; dites-moi quel est celui qui se tient debout à l’arrière de cette chaloupe ?

Deux fois il répéta ses paroles sans que le jeune marin détournât ses regards fixés sur Marguerite. L’amiral jura,… puis sourit et adressa la question à un autre officier.

— Cet homme-là, mon amiral !… diable !… Si manteau bleu ne l’enveloppait pas si bien ! grand chapeau sans plumes et sans agrafes ne cachait pas à moitié sa figure !… Il est grand, et son attitude est pleine de noblesse… Mais non, ce ne peut être lui.

L’amiral fit un pas en arrière, puis, prenant son lieutenant par le bras et le secouant avec force : Répondez-moi cette fois, lui dit-il ; connaissez-vous cet homme ?

La plus vive surprise se peignit sur le visage du jeune marin quand il aperçut, à la poupe de la petite nacelle, celui dont le nom remplissait déjà l’univers. — Cet homme, s’écria-t-il,… c’est Guillaume de Nassau !

— Guillaume ! répétèrent tous les officiers en se dé-