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LE GUEUX DE MER

flotte ; les maisons étaient décorées de feuillages, et le pavillon espagnol flottait sur les tours des édifices publics.

Les rues voisines retentissaient de cris et de chants joyeux. Le peuple, informé de l’approche d’un nouveau gouverneur, se livrait à une allégresse irréfléchie. Quoique l’on sût à peine le nom de celui qui venait succéder au duc d’Albe, la multitude, avide d’espérance, lui prêtait d’avance toutes les qualités et toutes les vertus qu’elle suppose ordinairement à ses maîtres aussi longtemps qu’elle ne les connaît pas.

Une foule innombrable se portait à la rencontre de la flotte. C’étaient des personnes de tout âge et de toute condition, vêtues de leurs habits de fête, l’air joyeux et la démarche empressée. On remarquait, au milieu des flots du peuple, des corporations d’ouvriers avec leurs costumes uniformes, des ordres religieux qui se rendaient processionnellement au devant du défenseur de l’Église et de l’État, et des confréries d’archers et d’arbalétriers avec leur musique, leurs drapeaux et leurs canons. Mais rien n’était aussi riche et aussi brillant que les petites chaloupes qui se réunissaient dans le port, et qui devaient porter au devant du nouveau gouverneur les magistrats, la noblesse et plusieurs des principales dames de la ville.

La contagion de la curiosité gagna la baronne de Berghes : Marguerite, dit-elle, je veux vous conduire aussi du côté par où viennent ces vais-