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sans égal, et les cris de fureur, les gémissements des blessés, le cliquetis des armes et le bruit de la mousqueterie, se mêlaient et se confondaient sans cesse de l’une à l’autre extrémité du bâtiment.

Le nombre des combattants était à peu près égal de part et d’autre : néanmoins les équipages réunis des trois bâtiments patriotes étaient encore inférieurs à celui de l’amiral royaliste. Si d’un côté les sentiments les plus généreux et les plus puissants animaient le courage des Hollandais, de l’autre le bruit des armes à feu, les cris des blessés et la vue du sang avaient inspiré aux soldats espagnols et wallons cette ivresse frénétique qui rend avide de dangers et de massacres. Partout où se portait Corneille Dieriksen la victoire semblait pencher en faveur de son parti ; mais partout aussi où les comtes de Bossu et de Waldeghem, armés de pied en cap à la manière des chevaliers, se précipitaient sur les assaillants, leur adresse et la supériorité que leur donnaient de bonnes armes sur des adversaires presque nus leur assuraient l’avantage.

Infatigable et tout couvert de sang, le père de Marguerite effaçait par son audace et par sa vigueur les plus hardis guerriers de son parti. Tandis que, la visière baissée, il s’élançait au milieu des ennemis, un jeune marin, armé seulement d’un tronçon de pique, le suivait partout et semblait veiller sur sa vie. Ses cheveux blonds, son teint frais et rosé et ses formes délicates annonçaient un âge encore tendre ; la fureur des guerriers ne brillait point dans ses yeux