Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, sans doute, s’écria le comte de Waldeghem, malheur à qui trahirait sa foi !

— Je suis Wallon, reprit le gouverneur, et la fidélité de mes compatriotes est connue ; mais j’aurais voulu laisser à d’autres le soin d’écraser de malheureux marins qui, après tout, combattent peut-être pour une cause juste. Je n’en ai pas été le maître : les Espagnols m’ont provoqué, ils m’ont traité de lâche. Eh bien ! leur ai-je répondu, j’irai au combat, et vous verrez quels seront ceux qui reculeront les premiers, de ces Belges pour qui vous affectez tant de mépris, ou de vos fiers compatriotes ! Maintenant les dés en sont jetés, et il ne me reste plus qu’à soutenir dignement l’honneur national.

La joie brilla dans les yeux du vieillard. — Puisqu’il y va de l’honneur de la Flandre, dit-il, je reste avec vous jusqu’au jour décisif. Mon bras a perdu de sa force mais il n’est pas encore engourdi, et les Espagnols verront comment se conduit un vieux soldat de Charles-Quint.

Marguerite pâlit : — Mon père, s’écria-t-elle, voulez-vous souiller votre épée du sang de vos concitoyens ?

Le vieux seigneur parut consterné, mais il reprit après un moment de réflexion : Qu’importe un peu de sang, quand il faut venger la gloire de notre pays !

— Et punir des rebelles ! ajouta la baronne de Berghes, qui se retrouvait à sa place sur la flotte royale.