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Le vieux colonel portait les yeux de la chapelle des Gruthuysen à la tribune qui leur était réservée, dans l’espoir d’y découvrir sa fille. Beaucoup de nobles demoiselles étaient venues assister au service ; mais aucune ne lui rappelait les traits de sa première épouse, aucune n’avait fixé les regards de Louis de Winchestre.

— Marguerite n’est point ici, dit-il, et, baissant la tête, il pria dévotement pour le repos de son ancien ami.

Les funérailles se faisaient avec une solennité digne d’un roi. Une oraison funèbre fut prononcée ; peut être n’était-elle pas exempte de ces fautes de goût, qui semblaient alors des beautés ; mais elle fit couler les larmes de toute l’assemblée, car l’orateur pleurait lui-même en la récitant.

Quand il eut terminé le panégyrique du mort, jetant un regard douloureux sur le cercueil placé devant lui, il leva les mains au ciel, et demanda au Tout-Puissant de ne point laisser éteindre cette glorieuse famille, qui était l’honneur et le soutien de la ville, puis, s’adressant à tous les assistants :

— Unissez-vous à moi, mes frères, leur dit-il avec l’emphase si commune à cette époque, et prions pour le salut du dernier rejeton de cet arbre antique, dont l’ombrage a protégé nos aïeux, et dont nous-mêmes nous avons savouré les fruits. Que cette jeune branche fleurisse sous nos yeux, pour devenir plus haute et plus belle que celles qui l’ont précédée ; que