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comme hérétiques ceux qui voulaient défendre leurs biens et l’honneur de leurs femmes. Mais malheur aussi aux traînards et aux maraudeurs imprudents sur lesquels les paysans pouvaient assouvir leur juste fureur ! leurs cadavres jonchaient les routes écartées et la lisière des bois.

Ce fut un prodige que les trois Belges pussent parvenir sans accident aux frontières de leur pays. Arrivés en Hainaut, ils se séparèrent : Dirk Dirkensen, chargé par son lieutenant d’une lettre, où se trouvait le récit fidèle de l’audience qu’il avait eue, se rendit au camp du duc d’Albe ; le comte de Waldeghem et son jeune libérateur poursuivirent leur route vers Bruges, où ils espéraient trouver Marguerite.

Quand ils approchèrent de la ville le son des cloches funèbres annonçait la mort d’un personnage de haut rang. Les bourgeois armés qui gardaient la porte avaient leurs chaperons entourés de crêpes, et la tristesse régnait sur leurs visages. Un pressentiment funeste fit frémir Louis de Winchestre. Bientôt sa crainte fut réalisée. Le palais des Gruthuysen était tendu de noir et c’était de son aïeul qu’on célébrait les funérailles.

Il resta un moment immobile en apercevant le séjour de ses ancêtres couvert maintenant de des marques de deuil. La pâleur de la mort régnait sur ses joues, et les rênes de son cheval tombèrent de ses mains ; cependant il reprit bientôt son empire sur lui-même.