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tenir. — Laissez-moi cette peine, disait-il ; vous aurez besoin de vos forces pour continuer votre route, moi je suis ici à deux pas de mes pénates.

Il les conduisit à une maison curiale de peu d’apparence, mais propre et entretenue avec soin : là trois des étrangers trouvèrent un déjeuner abondant, quoique sans recherche, tandis que le comte reposait sur le lit du maître de la maison.

Les symptômes d’une fièvre violente se déclarèrent. Le prêtre voulut être lui-même le médecin de son nouvel hôte ; il lui défendit l’exercice et le condamna à demeurer au moins trois semaines dans l’asile qu’il lui avait si généreusement offert. Le vieillard ne pouvait refuser ; sa faiblesse était alarmante, un frisson glacial l’avait saisi, et à peine ses lèvres purent- elles prononcer l’expression de sa reconnaissance.

Comme le bon curé l’avait prédit, la maladie du père de Marguerite dura près d’un mois : pendant tout ce temps, l’ecclésiastique lui prodigua les soins les plus assidus. Louis de Winchestre, le pilote et l’alguazil avaient trouvé l’hospitalité dans les chaumières les plus proches. Chaque jour, le jeune homme venait passer quelques heures auprès du malade ; les deux autres passaient leur temps à errer de rocher en rocher, où ils restaient souvent une demi-journée sans proférer une seule parole, s’entretenant des yeux et du geste plutôt que de la voix.

Quand le comte de Waldeghem fut enfin rétabli, et qu’il fallut quitter la maison hospitalière où il avait