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Un mouvement subit du monarque trahit l’impression profonde qu’il éprouvait.

— Saül tua le grand-prêtre, continua le moine, et la couronne ne passa point à son fils.

Le monarque effrayé se pencha sur le bord de la tribune et fit signe aux juges de s’arrêter ; mais le grand inquisiteur, étendant la main vers le coupable, dit d’un ton sévère et solennel :

— Le saint-office ne relève de personne sur la terre ; que les ministres de sa justice fassent leur devoir !

À cet ordre deux alguazils s’approchèrent de l’accusé et le dépouillèrent de ses habits : lui ne donna plus aucune marque de crainte ni de faiblesse, convaincu que le seul moyen de salut qui lui restât était de supporter avec courage la question à laquelle il allait être soumis ; il semblait recueillir toutes ses forces pour lutter contre la douleur.

Quand il fut entièrement nu, à l’exception des parties du corps que l’honnêteté ne permet pas de dévoiler, le médecin du saint-office s’approcha de lui et parut l’examiner scrupuleusement. Il appuya plusieurs fois le doigt sur les chairs pour s’assurer jusqu’à quel point elles étaient fermes ; il mesura la grosseur des muscles et l’épaisseur des os ; il frappa sur les reins et sur la poitrine, compta les battements du cœur et étudia un moment le jeu des poumons : le franciscain paraissait calme et indifférent, mais il épiait à la dérobée tous les mouvements du médecin, et quand celui-ci, trompé peut-être par les