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gadier dans l’honorable corps de la Sainte-Her-mandad, familier et alguazil-major de la très sainte inquisition, votre serviteur, et qui boit à votre santé.

Il se retourna pour vider son verre ; le mécontentement et le mépris se peignaient sur la figure de Louis de Winchestre ; mais le pilote lui dit tout bas : C’est un homme précieux, mon lieutenant ; il peut nous rendre le comte de Walde-ghem !

Ces mots firent tressaillir l’amant de Marguerite. Quelque répugnance qu’il éprouvât à s’entretenir familièrement avec un agent de l’inquisition, il résolut de se soumettre à tout pour sauver le père de sa bien-aimée. Il s’approcha donc de l’alguazil, et, s’efforçant de prendre un air bienveillant, il lui dit : Seigneur Ignatio, quoique vous me soyez inconnu, il suffit que Dirk Dirkensen vous regarde comme son ami, pour que votre présence ne puisse me déplaire.

Malgré le costume simple que portait le jeune homme, son air noble et sa démarche majestueuse trahissaient son rang. Aussi l’Espagnol parut-il flatté du compliment qu’il lui adressait, et pour montrer qu’il n’en était pas indigne il releva ses moustaches, frappa du poing sur la table et répondit d’une voix forte : — Par Notre-Dame du Montferrat ! mon jeune seigneur, ce brave Zélandais peut vous dire qui je suis. Nous nous connaissons à merveille, ayant combattu tantôt du même côté, tantôt l’un