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vant la coutume de l’époque, s’était lui-même agenouillé en entendant le son de la cloche, dit le second verset ; le Roi reprit le troisième, et, continuant ainsi, ils récitèrent non seulement l’Angélus, mais encore les sept psaumes de la pénitence et les prières usitées pour les morts ; mais, pendant tout ce temps, les hallebardiers postés dans la salle voisine restaient debout, l’arquebuse à la main et prêts à faire feu.

Quand le monarque se releva sa figure paraissait un peu moins sévère :

— Je suis content de toi, dit-il ; tu as assez bien répondu, c’est plus que je n’en attendais d’un Flamand… Écoute-moi, jeune homme, mes trésors sont immenses et mon pouvoir sans bornes : eh bien ! je consens à te promettre telle récompense qu’il te plaira de choisir si tu me livres les secrets du duc d’Albe.

En prononçant ces mots, dont il croyait l’effet immanquable, il s’était rapproché du jeune Belge, et se préparait déjà à recevoir d’importantes révélations ; mais Louis de Winchestre, contenant à peine l’indignation que lui inspirait une pareille demande, répondit avec fierté :

— Je ne suis point le confident du duc d’Albe.

Le Roi fut déconcerté d’une réponse si imprévue, et, malgré tout son orgueil, le regard méprisant du jeune homme le fit rougir. Cependant il dévora patiemment cette humiliation pour parvenir à satis-