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et allemandes entourèrent de toutes parts la malheureuse cité.

Cependant les suppliants approchaient : c’étaient des prêtres vêtus de leurs habits pontificaux ; des magistrats sous le costume qui appartenait à leur rang ; des vieillards, doyens des corps de métiers, et des femmes et des enfants dont l’aspect faisait naître la compassion.

Quelque cruels que fussent les soldats qui gardaient l’entrée du camp, tous se sentirent émus de pitié à la vue de ces malheureux qui venaient implorer un homme inexorable. Les officiers espagnols, dont plusieurs avaient combattu en Amérique et fait périr des milliers d’indiens sous les pieds des chevaux et sous les morsures des dogues, semblèrent eux-mêmes touchés du sort funeste qui menaçait des chrétiens, des sujets du même monarque, des hommes chez lesquels ils avaient souvent trouvé une hospitalité cordiale et dont ils avaient partagé les plaisirs ; mais Ferdinand de Tolède n’éprouva qu’une joie sinistre à leur approche, et le regard qu’il jeta sur eux fit frémir les guerriers qui l’entouraient.

— Ayez pitié de nous, monseigneur ; laissez-nous une patrie, des parents, des amis : d’un seul mot, vous pouvez nous donner ou nous enlever plus que la vie ; ayez pitié de nous !

Ainsi parlèrent les députés de Malines en s’agenouillant devant le duc d’Albe.

— Songez que le Dieu pour la religion duquel