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faire c’est d’indiquer des ressources, des ressources immenses, des ressources inépuisables, qu’il dépend de vous d’employer.

— Explique-toi, dit le prince d’un air méfiant.

— J’espère, monseigneur, que Votre Altesse ne me refusera pas une légère commission… c’est-à-dire un tant pour cent… par exemple, le dixième denier…, si je lui découvrais d’immenses trésors, où l’on pourrait puiser sans faire tort à personne. De l’argent, monseigneur ! de bon argent monnayé ! à la disposition de Votre Altesse.

— Et sans faire de tort à personne.

— À personne ! qu’aux ennemis de monseigneur.

— Maître Pierre Van Grip, vous seriez bien récompensé.

— Eh bien ! monseigneur, je dirai à Votre Altesse qu’il y a d’abord à l’archevêché de fortes sommes… Dieu sait que personne n’est plus pieux que moi… mais dans un besoin urgent… pour éviter le pillage auquel se livreraient vos soldats… il est permis d’emprunter quelque chose aux riches absents… Surtout Votre Altesse qui est héré… qui est de la sainte religion réformée… Il y a aussi le trésor du grand conseil… puis la caisse des mineurs et des orphelins.

Le prince, hors de lui-même, l’interrompit :

— Maître Pierre-Eloi Van Grip, lui dit-il, je ne doute pas que vous n’ayez souvent frisé la potence ; mais jamais, non, jamais de si près qu’aujourd’hui ;