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faire faire les fonds de la contribution qui vous a été payée, et j’y ai consenti par patriotisme, monseigneur, par pur patriotisme ! car les sûretés qu’ils m’ont données sont si faibles ; l’intérêt que j’ai pris est si léger ! En vérité, monseigneur, c’est par un patriotisme ardent et désintéressé que je leur ai fait cette avance.

— Et vous ne pouvez plus rien nous fournir ?

— Absolument rien…

— Eh bien ! nous en chercherons un autre… Adieu ! maître Van Grip.

— Mais, monseigneur, reprit l’usurier, qui ne s’attendait pas à être pris au mot, le véritable attachement que j’ai pour mon pays m’engagerait certainement à des sacrifices extraordinaires… si Votre Altesse voulait.

— Vous avez donc de l’argent ?

— Pas précisément moi, monseigneur ; mais je pourrais en trouver…

— Parlez sans détour ; toutes vos ruses d’usurier me sont connues, maître Van Grip, et vous ne me tromperez pas : mais j’ai besoin d’argent, et je veux bien que vous fassiez un honnête profit sur celui que vous m’avancerez : dites-moi donc exactement ce que vous pouvez me donner.

— Plût à Dieu, monseigneur, que le pauvre Pierre-Eloi Van Grip eût les moyens de vous compter tout l’argent nécessaire au succès de votre glorieuse entreprise ! mais j’ai déjà eu l’honneur d’affirmer à Votre Altesse que ma caisse est à sec ; et tout ce que je puis