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senta devant le Belge et lui remit un billet du mulâtre.

Généreux Flamand, lui mandait don Alonzo, vous avez ouvert mes yeux, et je renonce pour jamais à la carrière que l’on m’avait fait embrasser ; à la défense du crime, à l’oppression de l’innocence. Il ne m’est pas permis de vous revoir, mais votre image sera toujours présente à mon souvenir, et pendant votre absence (puisse t-elle ne pas se prolonger !) je veillerai sans cesse à la sûreté des deux dames qui vous sont chères.

Au moment où vous recevrez ce billet ces intéressantes captives seront déjà livrées au tribunal de sang ; l’officier qui vous remettra ces lignes vous servira de guide pour parvenir auprès d’elles et les faire mettre en liberté.

Adieu, mon libérateur, mon ami !

Profondément touché de l’attachement que lui témoignait le mulâtre, Louis de Winchestre sentit ses paupières humides. Il mit le papier dans son sein, courut au tribunal, et eut le bonheur d’arriver à temps pour sauver les deux dames, au moment où leur condamnation paraissait inévitable. La joie de Marguerite fut muette et ses regards exprimèrent seuls à son amant combien elle était touchée de ce nouveau service ; la baronne, au contraire, se répandait en protestations de reconnaissance, riant et pleurant tour à tour, et s’exposant à compromettre son libérateur par ses exclamations indiscrètes.

Est-ce bien vous que je revois encore ici pour notre bonheur ! s’écriait-elle, tandis qu’il la reconduisait à sa demeure, vous chef des gueux de mer et ami de Guil-