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LE GUEUX DE MER

qui l’environnait. Elle était vêtue élégamment, mais sans luxe. Pour obéir à son tuteur, elle avait pris une robe d’une blancheur éclatante, et avait entremêlé quelques perles dans ses cheveux blonds. C’était là toute sa parure ; et son maintien modeste, son regard plein de douceur et de timidité formaient un contraste avec l’air joyeux et le coup d’œil triomphant de sa tante.

Leurs pensées avaient aussi une teinte bien différente. Le contentement de la baronne embellissait à ses yeux tous les objets environnants, et elle s’écriait à chaque minute : Quel temps agréable (quoiqu’un orage menaçât d’éclater sur leur tête) ! Quelle vue délicieuse ! Quel magnifique pays !

— Mais, ma chère tante, répondait la jeune fille, combien de champs incultes et de maisons abandonnées ! Il n’en était pas ainsi quand pour la première fois je fis avec vous ce voyage.

— C’est l’hérésie, mon enfant, ce sont les idées nouvelles qui ont répandu dans ces campagnes la misère et la désolation. La main de Dieu s’est appesantie sur ceux qui l’avaient abandonné.

— Mais le sol est resté fertile, les prairies se couvrent d’une végétation vigoureuse, le petit nombre d’arbres que la hache n’a point renversés s’affaissent sous le poids de leurs fruits ; comment donc le sort du peuple est-il changé ? comment la pauvreté a-t-elle remplacé l’abondance ?

— Ce sont des choses, ma nièce, que mon aumônier vous expliquera. Pour moi, je me contente de