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licencié de Vargas et son compagnon, puis ils se joignirent à eux.

— Eh bien, senor Jean de Blaser, avez-vous fait de bonnes affaires pendant votre tournée en Franche-Comté ? demanda Louis Del Rio.

— Passables ! passables ! répondit le conseiller flamand ; j’ai ramené un chariot de procédures[1].

— Sainte-Marie ! tout un chariot ! en voilà pour un siècle.

Ce sont de bonnes aubaines, reprit de Blaser : les Bourguignons et les Francs-Comtois ont encore de l’argent ; mais pour les Brabançons la vache n’a plus de lait.

— Il est vrai, dit le président : nous avons pendantes devant nous quinze mille causes[2] qui ne rapporteront pas toutes ensemble un million de ducats.

— Il faut les expédier en masse, ajouta le conseiller Jacques Hessels ; car, pour moi, je suis excédé de paperasses et la vue d’un dossier m’endort.

— Aussi ronflez-vous habituellement à l’audience, répartit Louis Del Rio[3].

Jean de Blaser sourit : Notre collègue, dit-il, passe

  1. Blaserius a visitations Burgundica jam pridem rediit plaustrum informationum referens. (De Blaser est de retour de sa tournée en Bourgogne et il en a ramené un chariot de procédures.)Viglius, Ep. CLII.
  2. Viglius, Ep. CLXIII.
  3. Il y avait aussi un Flamand, nommé Hessels, dans ce conseil, qui dormait toujours en jugeant les criminels, et, quand on l’éveillait pour dire son avis, il disait tout endormi : ad.patibulum ! ad patibulum ! (à la potence ! à la potence !) L. Aubery, mém. p. 22.