Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plaisir de traiter cet homme précisément comme il m’avait traité : voici de bonnes chaînes et un bâillon admirable ; le seigneur don Sandoval pourra faire rapport à ses collègues du mérite d’un pareil instrument.

On ne perdit pas une minute ; don Christophe fut garrotté et bâillonné, et subit dans toute sa plénitude la juste peine du talion.

Les marins fermèrent alors et barricadèrent en dedans la porte du caveau, puis ils fixèrent une échelle de cordes à la lucarne et engagèrent les dames à sortir de captivité. La baronne refusa encore quelque temps ; mais Dirk Dirkensen qui craignait de voir l’occasion lui échapper, s’écria : Puisque ce vieux navire n’avance pas, il faudra le prendre à la remorque, et, joignant l’action aux paroles, il saisit la dame par le milieu du corps et la mit en liberté malgré elle, non sans qu’elle se fût assez rudement froissée contre les barreaux du soupirail.

Quand elle fut sortie du cachot, son conducteur lui demanda où elle voulait chercher un asile.

— À Bruxelles, répondit-elle, aux pieds du duc d’Albe.

— Eh ! madame, s’écria le vieil Allemand, il vous fera juger par son conseil des troubles.

— Je ne crains rien, reprit la douairière.

— Mais vous êtes riche…

— Eh bien !

— On vous condamnera pour confisquer vos terres.

— Mes sentiments sont trop bien connus, et ma famille trop puissante…