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recueillent le jeune officier, ils l’entourent, le félicitent, le serrent dans leurs bras ; ils ne voient plus en lui leur chef, mais leur ami, leur compagnon d’armes, le vengeur de l’amiral et de la patrie.

— Tout va bien à bord ? demanda l’intrépide jeune homme.

— Tout va bien, capitaine : nous avons réparé le désordre que les décharges de l’ennemi avaient causé dans nos manœuvres, et nous sommes prêts à tout entreprendre…

— Eh bien ! mes amis, l’arrière-garde espagnole nous menace encore, préparons-nous à un second combat.

— À une seconde victoire…, reprit un matelot.

On arriva au flibot : deux marins prirent la sire de Winchestre dans leurs bras, car il était trop fatigué pour qu’on le laissât monter seul sur le pont. Parvenu sur le tillac, il voulut mettre un genou en terre devant le prince d’Orange qui accourait pour le féliciter ; mais Guillaume ne lui en donna pas le temps, et, le pressant sur sa poitrine : Brave jeune homme, dit-il, tu as mérité aujourd’hui l’estime et l’admiration de tous tes compatriotes ; mon amitié est la seule récompense que je puisse t’offrir.

— C’est la plus douce et la plus glorieuse ! s’écria l’officier ; c’est la seule que j’ambitionne.

Le jeune guerrier était heureux : tout à coup une pensée sinistre vint frapper son esprit, et il s’arrache des bras du prince ; il court, il vole à la cabine