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MISSION DE PHÉNICIE.

grand intérêt, avait été à peu près stérile pour les recherches d’antiquités phéniciennes. Oum el-Awamid devait nous offrir, sous ce rapport, d’amples compensations.

Quoique la localité désignée du nom vague d’Oum el-Awamid (la mère des colonnes) ait depuis longtemps attiré l’attention, et ait été visitée par plusieurs voyageurs, en particulier par Buckingham[1], le mérite d’avoir signalé l’importance archéologique d’Oum el-Awamid appartient à M. de Saulcy[2]. Mon savant confrère y passa deux heures le 17 décembre 1850. Ce fut sur ses indications que M. de Vogüé, le 6 et le 7 novembre 1853, s’y arrêta quelques heures et recueillit ces notes rapides, mais pleines de justesse, où les seules erreurs sont celles qu’on ne pouvait éviter qu’en fouillant le sol[3].

Trois choses attirent d’abord l’attention à Oum el-Awamid : 1° une acropole dominant la côte, et où se détachent des colonnes d’ordre ionique ; 2° une construction égyptienne, située à quelques minutes de là ; 3° un grand nombre de maisons dont le mode de construction parut à M. de Saulcy et à M. de Vogüé rappeler celui des monuments dits cyclopéens. Ces trois points ont été successivement l’objet de notre étude : c’était par l’acropole qu’il était naturel de débuter.

M. Thobois, qui dirigea tout le temps les fouilles à Oum el-Awamid, adopta pour le rejet des terres un système qui nous garantissait que, dans les parties fouillées, rien ne nous échapperait. Il s’assura d’abord qu’il n’y avait rien d’intéressant sur la pente que nos terres pouvaient recouvrir ; puis il entoura en quelque sorte la plate-forme des colonnes d’un réseau d’excavations. Les premiers coups de pioche nous causèrent une véritable déception. Ces ruines, en apparence les plus intactes de toute la Syrie,

  1. Ritter, XVI, p. 778, 808, 813, 814, 815, 816 et la carte de Lange jointe à ce volume de Ritter ; voir aussi la carte de Jacotin. Cf. Thomson, The land and the book, I, p. 468 (croquis médiocre). Cassas (Voy. pitt. de la Syrie, II, n° 87) donne déjà un bon dessin des chapiteaux à palmettes ; mais le site est mal rendu.
  2. Premier Voyage, I, 46, 47, 69.
  3. Fragments d’un journal de voyage en Orient, p. 37 et suiv.