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Byronnet (modeste)

Je suis psychologue, voilà tout !… Je fais de la chimie… de la chimie féminine… (Il reprend sa lecture)… « qui seraient des perles intellectuelles. Les bourgeoises et les femmes du peuple regardent… (avec dégoût)… elles ont des yeux, comme elles ont des pieds, des mains, des narines, des oreilles, c’est-à-dire des organes grossiers, des sens vulgaires, par où elles sentent des choses naturelles, qui ne sont pas de Londres et qui coûtent bon marché. Pour regarder, comme regardait la marquise, il faut être née, ou très riche, c’est-à-dire être tout en âme… Les psychologues seuls qui dînent en ville, vont au club, et dissèquent les âmes confortables, savent la loi de ces différences essentielles qui séparent absolument les femmes qui sont vraiment des femmes de celles qui ne le sont pas, et qui, par conséquent, n’intéressent point l’analyste »…

La baronne Hopen

Quelle force d’observation !… Quelle profondeur !… Et tellement juste !

Madame Boniska

Et puis, comme ce « qui dissèquent » est nouveau et délicieux !… et si philosophique… d’une philosophie tellement… tellement élégante !…

La baronne Hopen

Tellement correcte !…

Byronnet

C’est de la physiologie, voilà tout !… (Il reprend sa lecture)… « La marquise regardait la table, chargée de luxes magnifiques et d’impressionnantes mondanités. » (Il s’interrompt encore. À la baronne Hopen et à Mme Boniska)Re-