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Jean Guenille

Un portefeuille, Monsieur le commissaire… un portefeuille en maroquin noir, avec des coins d’argent…

Le Commissaire

Un portefeuille ?… (Sceptique.) Ah ! ah !… je la connais… Et, naturellement, il n’y a rien dans ce portefeuille ?… En fait d’argent, sans doute, il n’y a que les coins ?

(Il hausse les épaules, les agents aussi.)
Jean Guenille, souriant avec malice.

Voyez vous-même, Monsieur le commissaire…

Le Commissaire

Me déranger, à une heure et demie du matin, pour un portefeuille !… (Ouvrant le portefeuille.) S’il n’y a rien… prenez garde… (Il examine le portefeuille, sort une liasse de billets de banque qu’il compte tout haut.) Voyons… voyons… C’est fou… C’est impossible !

Il recompte les billets… Pendant ce temps, Jean Guenille fait des signes approbateurs aux agents… des signes qui expriment la surprise où doit se trouver le commissaire… Les agents répondent par des regards furieux et des gestes bourrus.

Le Commissaire, les yeux tout ronds de surprise.

Mais dites donc ?… mais dites donc ?… C’est de la féerie… Il y a dix mille francs !… (Il recompte la liasse pour la troisième fois.) Ma parole d’honneur… il y a dix mille francs !

Jean Guenille, hochant la tête d’un air bonhomme.

Dix mille francs, Monsieur le commissaire… C’est