Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE PREMIER


Un intérieur d’ouvrier dans une cité ouvrière. Porte au fond, entre deux larges fenêtres, par où l’on aperçoit vaguement l’usine, ses cheminées, ses lourds bâtiments, toute une ville noire, violente et sinistre… À droite, contre la cloison, deux lits d’enfant, et par terre un matelas. À gauche, porte donnant sur une autre chambre. Sur le milieu de la scène, près d’un petit fourneau, dont le tuyau coudé se perd dans le mur, une table chargée de linges à coudre… Çà et là, buffet, chaises dépaillées, mobilier pauvre.



Scène première

MADELEINE, LES ENFANTS, couchés.

Au lever du rideau, Madeleine a fini de coucher les enfants. En chantonnant tout bas, elle les embrasse dans leurs berceaux.


Madeleine

C’est ça… soyez gentils, mes mignons… dormez… (Elle reste un instant penchée au-dessus des lits… Une bouillotte chauffe sur le fourneau… La porte du fond est ouverte sur la cité…