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(Gruggh et Phinck lèvent la tête, s’arrêtent d’écrire.)… Écrivez !… (Reprenant la dictée.)… « Abandonner tous droits à cet égard… puissent intervenir, d’une manière quelconque… et sans qu’ils puissent… s’opposer… à toutes combinaisons… »

Un domestique entre brusquement.
LE DOMESTIQUE, effaré.

Monsieur… On ramène le corps de M. Xavier… Madame est évanouie… tout de son long… dans le grand salon…

L’INTENDANT, suppliant.

Monsieur !…

ISIDORE, sa voix s’est encore altérée… Pour ne pas tomber il s’accroche des deux mains au bureau.

Je viens… Je viens… (L’intendant et le domestique sortent. Reprenant la dictée.)… « à toutes les combinaisons… ultérieures… qui seront jugées utiles par M. Isidore Lechat… seul… au bien de l’affaire… »… C’est tout… Un paraphe… ici… Signez !(Gruggh et Phinck signent.)… Donnez !…


Isidore s’empare des deux papiers, les relit… les signe lui aussi, en remet un exemplaire à Phinck, silencieusement… Puis il plie le sien, le met dans sa poche… et sans saluer, les jambes molles, trébuchantes, il se dirige vers la porte, en s’accrochant aux meubles. Les deux ingénieurs, ahuris, consternés, écrasés, le suivent du regard et ne trouvent pas un mot, pas un geste. Ils restent, pour ainsi dire, figés dans une attitude d’épouvante… Isidore est sorti sans se retourner… Restés seuls sur la scène, les deux ingénieurs, toujours immobiles et muets, les yeux fixes, la bouche ouverte, ne peuvent détacher leurs regards de la porte par où vient de disparaître Isidore…