Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

GERMAINE

J’ai un amant !… un amant… un amant !… Combien de fois… faut-il donc que je le crie ?

ISIDORE

Tu mens… Elle ment… Je vous dis qu’elle ment… Mais… monsieur le marquis, elle ne connaît personne… elle ne voit jamais personne… Elle ment… (Changeant de ton brusquement.)… Voyons… ma petite Germaine… c’est fini… maintenant… n’est-ce pas ? Tu as voulu nous faire une farce, une bonne farce… On ne te croit pas… Alors… dis que ça n’est pas vrai…

GERMAINE

Et cet amant… je l’ai choisi… et je l’aime… et il est à moi… à moi… Il ne fait point partie d’un marché… il n’est pas l’appoint d’une affaire… Il est à moi… tout entier… il est à moi… librement… (Au marquis.) Cela vous étonne, monsieur… et je vois que ce n’est point l’habitude, quand on porte le nom de Lechat, d’être une créature qu’on n’achète pas… qui ne se vend pas… mais qui se donne…

ISIDORE, à sa femme.

Et toi… qui ne dis rien… qui es là comme une borne… Mais fais-la taire…

MADAME LECHAT, accablée.

Que veux-tu que je dise… mon Dieu !…

ISIDORE

Alors… c’est donc vrai ?

MADAME LECHAT

Je n’en sais rien… moi… (Tout à coup.)… Mon Dieu !