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sophie ne mène à rien… et nous perdons, inutilement, le fil de la conversation… Tenez… voulez-vous faire un pari avec moi !

LE MARQUIS

Pas plus qu’un marché…

ISIDORE

C’est juste… Je le gagnerais… Eh bien… ce pari… je vais vous l’offrir sous une autre forme… Allez donc demander à l’un de ces grands politiques en robe noire… en robe blanche… en robe brune… ou en robe rouge — la couleur n’y fait rien — qui mènent le monde… et en qui vous avez confiance, pas vrai ?… Allez demander seulement à votre confesseur, quel qu’il soit, s’il hésitera, une minute, entre Isidore Lechat… riche à cinquante millions, socialiste mécréant, anticlérical excommunié… et votre pauvre petit duc de Maugis ?… (Un silence… Le regardant fixement dans les yeux.)… Oui… Et puis… Allez lui demander encore un conseil sur ce que je vous propose… mariage et le reste… Et osez dire… en votre âme et conscience… qu’il ne vous répondra pas… en vous donnant sa bénédiction : « Mon fils… tu peux… tu dois marcher… au nom de notre Sainte Mère l’Église ! »

Encore un silence… Les deux hommes se regardent.
LE MARQUIS, baissant un peu la tête, d’une voix moins assurée…

C’est impossible !…

Un silence.
ISIDORE

Ah !… (Un temps.)… Monsieur le marquis… quand vous êtes entré ici… je n’avais qu’un désir… vous étrangler