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GERMAINE, plus frémissante.

Mais comment ?… (Un temps.) Oui… oui… tu es là, maintenant… C’est doux… (Elle se pelotonne contre Lucien, qui l’attire et qui s’est accolé à la gaine de marbre.) C’est bon… (Un temps.) Tu ne peux pas savoir comme cela me fait du bien, comme cela me réchauffe que tu sois là, près de moi… contre moi… et que tu me parles… et que tu me berces… (Un temps.) Tu vois, je ne suis plus nerveuse, agitée… je ne suis plus triste… je suis contente… (Un temps.)… très… très… contente… (D’une voix suppliante.) Si tu voulais… (D’une voix encore plus pénétrée.) Ah ! si tu voulais… (Elle le regarde fixement… Avec passion.)… Lucien…

LUCIEN

Chère Germaine !

GERMAINE

Emmène-moi d’ici… arrache-moi d’ici… (Mouvement de Lucien.) Oui… oui… je t’en prie… par pitié !… la misère avec toi… la misère loin… loin d’ici… Ah ! quelle délivrance !

LUCIEN

Prends garde !


Un domestique descendant le perron vient chercher quelque chose oublié par Mme Lechat… Il trouve un châle sur la table et l’emporte… Pendant ce temps, Germaine et Lucien se sont dissimulés sous les arbres. Le domestique parti, ils reviennent… traversent la scène, enlacés, et disparaissent à gauche, lentement, silencieusement, comme des ombres.