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fais mal chaque fois que tu me touches… Tu as des mains comme des pierres…

Le mari

Naturellement… Si tu aimes mieux souffrir… je n’y peux rien…

La Femme, d’une voix plus plaintive.

Pourquoi aussi m’obliger à venir, tous les soirs, sur la terrasse ? Tu sais que cela m’est défendu… tu sais que cela ne me vaut rien. L’air humide du soir redouble mes douleurs, et me donne la fièvre… me donne plus de fièvre…

Le mari

C’est une idée que tu as… L’air n’a jamais fait de mal à personne… au contraire…

La Femme

Peut-on dire des choses pareilles !…

Le mari

Tu as une hygiène déplorable… Tu t’entêtes à rester, toute la journée, étendue dans des pièces closes et surchauffées… C’est cela, parbleu, qui te fait du mal… Et, grosse comme tu es, il n’y a rien de plus malsain. Moi qui suis maigre et qui me porte bien, je mourrais de cette immobilité et de cette chaleur… Mais tu ne veux rien entendre et t’acharnes à ne faire que ce qui te plaît… Je te l’ai dit cent fois… il faut te remuer… marcher… te fatiguer même… De l’exercice, voilà…

La Femme

Mon Dieu !… mon Dieu !… Est-il possible de souffrir comme ça ? Qu’ai-je fait au bon Dieu pour souffrir comme ça ! Me remuer… marcher !… Comme si je le