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GERMAINE, reposant sa tête sur l’épaule de Lucien et s’y caressant.

Non… non…

LUCIEN

Tu as pleuré ?…

GERMAINE

Non… non… je t’assure…

LUCIEN

Pourquoi es-tu partie tout à l’heure ?…

GERMAINE, avec un soupir.

Je ne pouvais plus… Je n’étais plus maîtresse de moi… Ces scènes me font trop mal… cette vie me tue… J’étouffe de honte… de colère, de révolte dans cette maison où chaque jour, chaque minute se comptent par une injustice et par un malheur, quand ce n’est pas par un véritable crime… Je ne peux plus… (Avec un plus gros soupir.) Je ne peux plus…

LUCIEN, regardant autour de lui.

Fais attention… On pourrait nous voir… nous entendre…

GERMAINE

Ah ! grand Dieu !… qu’on m’entende… Qu’est-ce que cela fait… et qu’est-ce que cela te fait ? (Avec une agitation nerveuse.)… Au point où nous en sommes, va !

LUCIEN, très doux, très tendre.

Calme-toi, ma chérie… je t’en conjure !…