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qui y roulaient, autrefois, cahotant dans les ornières, s’enlisant dans les bourbiers, représentaient tout le maximum de facilité expansive et circulatoire que doit posséder une civilisation honnête, une bonne vieille civilisation à bésicles, et, sans doute, qui marmotte des choses anciennes, en filant sa quenouille…

Le blocus et la famine, tel était le rêve de M. Méline. Tel il est encore. Ô le retour de ces temps bénis du siège, où le système protectionniste des Prussiens fonctionna si correctement ; où un poulet maigre et un rat vivant valaient leur poids d’or ; où l’on payait le pain blanc au prix du diamant ; où il n’y avait plus de gaz, plus de fleurs, plus de charbon, plus rien… Plus rien !… Quelle espérance charmante, et quels regrets aussi !