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fier, sous des dehors familiers et des allures de bon enfant qui ne trompaient personne. Il avait une manière de faire le bien tapageuse et maladroite, qui déroutait les reconnaissances, et ses charités, inhabiles à masquer l’effroyable égoïsme du parvenu, au lieu de couler dans l’âme des pauvres gens, un apaisement, leur apportaient la haine, tant elles étaient de continuelles insultes à leurs misères. Du reste, trois fois il s’était présenté aux élections et, trois fois, malgré l’argent follement gaspillé, il n’avait pu réunir que trois cent voix sur vingt-cinq mille. Tels étaient les renseignements que j’avais recueillis sur M. Lechat dont le nom, sans cesse, revenait dans les conversations du pays.

Un jour, je l’avais rencontré par hasard. Ce jour-là, M. Lechat ne me quitta pas et me prodigua toutes les vulgarités de sa politesse. Il voulait me recevoir à Vauperdu, me faire les honneurs de ses exploitations agricoles, et comme je prétextais de ma