Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiller les gars. Les galants ne lui manquaient point, et, parmi eux, des lurons qui possédaient « du beau bien » au soleil. Aucune de Freulemont, de la Boulaie-Blanche, des Pâtis, du Bois-Clair, des Quatre-Fétus, de Boissy-Maugis, ne pouvait se vanter de voir à ses trousses une telle procession d’yeux ronds, de bouches béantes, de bras en extase. Il y avait surtout le garçon à maît’ Pitaut qui ne quittait pas Fanchette d’une semelle… et le garçon à maît’ Pitaut voilà qui eût été une fameuse affaire ! Dugué ne se dissimulait pas toutes les difficultés qui s’opposaient à ce mariage, mais il comptait sur l’adresse de sa fille pour les surmonter. Il espérait secrètement qu’elle saurait, au besoin, se faire faire un enfant par ce nigaud de garçon à maît’ Pitaut, et Fanchette « une fois emplie », le tour était bon, il faudrait, de gré ou de force, en passer par mossieu le maire et par mossieu le curé. Combinaison honnête après tout, puisqu’on devait se marier et vivre ensuite entre braves cultivateurs. Certes, il