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au-dessus de ces choses futiles et ridicules…

— J’en suis sûr… Mais enfin, dans les événements humains, il faut bien accorder une part à l’imprévu. Il peut advenir une circonstance – improbable, certes, mais possible, après tout – où vous ne seriez plus ministre ?… Vous exprimiez, tout à l’heure, cette crainte.

— Manière ironique de parler, cher monsieur… En réalité je n’admets pas qu’une telle circonstance puisse arriver, elle ne peut pas arriver… Tenez ! ce qui peut arriver, c’est un ministère clérical… Eh bien, mais… je suis l’homme indispensable de cette combinaison nouvelle… J’ai, tout prêt, dans un tiroir de mon bureau, un projet de réforme sur l’enseignement… Il est admirable.

— Je n’en doute pas…

— Il est admirable en ceci que je donne aux Jésuites le monopole exclusif de l’enseignement à tous les degrés… J’en ai d’ailleurs un autre, par quoi, en vue d’une victoire républicaine, ce monopole exclusif… je le donne aux francs-maçons… car je suis persuadé qu’il existe aussi des francs-maçons… Alors, quoi ?… Vous voyez bien que la circonstance dont vous parlez est parfaitement inadmissible…

— Il faut tout admettre, monsieur le ministre… Un homme sage et prévoyant comme vous doit tout admettre…

— Eh bien ?

— Eh bien, comme vous, tout à l’heure, je me suis