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comment il attrapa une maladie des yeux qui régnait dans le quartier, en ce temps-là… Le médecin me dit qu’il fallait le mettre à l’hôpital… Il y avait un hôpital spécial à cette maladie-là. Oh ! c’est pas les hôpitaux qui manquent !… Le petit guérit ; mais le jour où la mère était partie pour le ramener, elle le trouva la mine défaite, et se tordant dans d’affreuses coliques… Il avait gagné la diarrhée infantile… On ne le soignait d’ailleurs pas… La mère s’en étonna… Un espèce d’interne, qui se trouvait là, dit : « On ne soigne ici que les maladies des yeux… Si vous voulez qu’on le soigne pour la diarrhée… emmenez-le dans un autre hôpital ». La mère eut beau prier, supplier, menacer, ce fut en vain… Elle prit son pauvre enfant dans ses bras pour le conduire dans un hôpital qu’on lui désigna… Il passa durant le trajet… Et voilà !… Et on vient me dire encore : « Faites des enfants, nom de Dieu !… faites des enfants… » Ah ! non… je sors d’en prendre…

« Et haussant les épaules, il dit, d’une voix plus forte :

» – Ils sont épatants, ces beaux messieurs… Au lieu de chercher des trucs pour augmenter la population, ils feraient bien mieux de trouver le moyen d’augmenter le bonheur dans la population… Oui… mais ça… ils s’en fichent !…

« Quand il eut fini son ouvrage, il considéra les volumes rangés sur les rayons de la bibliothèques :