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— Vive monsieur le maquis !…

— Je porte la blouse du paysan, moi… la blouse du brave paysan de France… la blouse de l’honnêteté et du travail… la blouse de l’épargne française…

— Vive monsieur le marquis !…

— Et je ne me crois pas déshonoré pour cela… N’est-ce pas, vous autres ?

— Vive… vive monsieur le marquis !…

— Tandis que ce sale gommeux… ce cosmopolite… ce socialiste…

— Oui !… Oui !… Oui !…

— … ose venir ici… outrager à la misère du peuple…

— Oui… Oui… C’est cela…

— … du brave cultivateur… qui est l’âme de la France… qui est la France !… Ah ! nom de Dieu !…

— À bas les traîtres !…

L’infortuné candidat s’était arrêté… Il ne comprenait rien à cette explosion de haines contre lui… D’abord, il examina sa redingote pour voir si, réellement, elle était une insulte au peuple… Puis il voulut parler, protester… Mais les voix couvrirent sa voix :

— À bas les traîtres !

— Retourne en Allemagne.

— En Angleterre…

— Oui… Oui… À bas les vendus !… À bas les traîtres !…