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et, à part moi, je tirai, de la différence hiérarchique de ces fourrures, des philosophies grandioses, non moins que de peu consolantes analogies.

— Pékin ?… Militaire… ? Quoi ?… Qu’est-ce que vous êtes ?…

Telles furent les interrogations rapides et successives dont m’assaillit le général.

— Territorial ! répondis-je, conciliant.

Un : peuh ! peut-être un : pouah ! sortit de ses lèvres, dans un gargouillement de mépris, et j’aurais, certes, du seul fait de mon aveu centre-gauche et amphibologique, passé un mauvais quart d’heure comme on dit, si une espèce de petit négrillon, bizarrement costumé, n’était entré, à ce moment, portant un plateau, sur lequel il y avait de nombreuses bouteilles et des verres. C’était l’heure tranquille où les héros vont boire.

Je me réjouis d’arriver à cette heure providentielle de l’absinthe.

— Gomme ?… Curaçao ?… Quoi ?… me demanda abréviativement le glorieux soldat.

— Pure, général…

Et je vis, au sourire approbateur par quoi fut accueillie cette martiale déclaration, que je venais de me conquérir la bienveillance et, peut-être, l’estime du grand Civilisateur soudanais.

Tandis que le général préparait, selon des rites méticuleux, les boissons apéritives, j’examinai la pièce,