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POTINS


Il nous faut revenir sur le cas de Félix Fénéon.

On ne vient pas arracher violemment un homme à la vie ; on ne jette pas le deuil dans sa maison ; on ne le réduit pas à la misère, en lui prenant son gagne-pain sur quoi subsistent aussi trois innocentes créatures, élues de sa tendresse ; cet homme d’apparence tranquille, d’esprit élevé, de culture rare, on ne le traîne pas, entre deux gardes, des cellules infâmes de Mazas aux sinistres antichambres des juges d’instruction ; on ne le soumet pas, comme un voleur et comme un assassin, aux dégradantes mensurations du service anthropométrique, le conseil de revision des bagnes ; de son corps, dévêtu par les lourdes mains des gendarmes, on ne fait pas un objet d’expériences pour les manipulations et les calculs d’un criminaliste officiel ; on ne se livre pas enfin à toute cette série