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Le poitrinaire

Je voudrais savoir… Et puis, nous la connaissons, puisqu’elle est si malade !

(Il tousse.)
La mère

Voyons, ne parle pas comme ça… Tu t’agites… Cela te fait mal… Si nous rentrions ?…

Le poitrinaire

Non !… Non !… Je n’aime pas être dans la chambre… Cela me fait peur… Cela sent des choses fortes, des odeurs qui me rendent malheureux… Ici, je suis content… Qu’est-ce qui sent si bon, ici ?… C’est de l’héliotrope, n’est-ce pas ?

La mère

Oui, c’est de l’héliotrope… Tu t’en plaignais hier…

Le poitrinaire

Je m’en plaignais hier ?… Tu crois ?… Je ne me souviens pas… Nous n’avons pas d’héliotropes, chez nous, là-bas ?

La mère

Non.

Le poitrinaire

Il faudra en planter, quand nous reviendrons… Pourquoi es-tu triste ?

La mère

Mais, je ne suis pas triste, mon chéri… je ne suis pas triste… Pourquoi veux-tu que je sois triste ?

Le poitrinaire

Je ne sais pas… Il me semblait… Il ne faut pas être triste !… Est-ce que nos amis vont venir aujourd’hui ?