Page:Mirbeau - Le Poitrinaire, paru dans l’Écho de Paris, 22 septembre 1890.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La mère

Si nous rentrions, veux-tu ?… Je vais appeler.

Le poitrinaire

Oh ! non… pas encore !… Mais je ne suis pas malade !… Je suis faible, un peu, voilà tout… je suis… je suis enrhumé… Mais je ne suis pas malade.

La mère

Sans doute, sans doute, mon enfant !

Le poitrinaire

Ah ! je ne voudrais pas être malade !… C’est si triste d’être malade !… Comment va cette pauvre jeune fille, d’à côté ? Je ne l’ai pas vue aujourd’hui.

La mère

Je pense qu’elle va mieux, aussi…

Le poitrinaire (répétant la phrase de sa mère)

Je pense qu’elle va mieux, aussi !… Pourquoi dis-tu aussi ?… Je ne suis pas malade, moi… Est-ce que je suis malade ? Est-ce que tu me crois malade ?… Elle va mieux, aussi !

La mère

Mais non ! mon enfant… tu n’as pas compris… je n’ai pas dit, aussi !…

Le poitrinaire

C’est qu’elle est malade, elle, très malade !… Hier, elle avait l’air d’une morte… Pourquoi n’est-elle pas venue, aujourd’hui, sur sa terrasse ?

La mère

Je ne sais pas… Peut-être a-t-elle une visite ?… Ne pense pas à cela…