Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et si je vous le disais pas ?… fit-il… Vous seriez attrapés, vous bisqueriez…

Avec tout cela, le temps passait ; et, par la porte ouverte du cellier, nous arrivaient des bruits lointains de coups de feu…

— Père Lormeau, dis-je, nous ne savons point ce qu’il y a dans votre cidre, et nous brûlons de le savoir, parce que ce doit être très curieux…

— Si c’est curieux ! Ah ! oui, c’est curieux… Personne n’a une chose curieuse comme celle-là !… Il faudrait peut-être faire le tour de la terre avant d’en rencontrer une pareille… Mâtin, oui ! c’est curieux… Ah ! bon sens !… Ah ! Mazette !…

— Voyons, père Lormeau, dites-le, dites-le vite !

Le vieux réfléchit un instant, dodelina de la tête…

— Oui… mais c’est ben entendu… Vous n’irez point conter ça aux gars de Paris ? C’est ici comme à confesse ?

— Oui, père Lormeau.

— Eh ben, mes gars… dans cette pipe-là, dans ce cidre-là, il y a un homme !

Nous nous récriâmes.

— En vérité du bon Dieu, il y a un homme dans cette pipe-là, dans ce cidre-là… un homme qui est haut, qui est gros… — un homme, si tant est qu’un Prussien, sauf vôt’ respect, soye