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Jour de congé


Nous étions allés prendre le funiculaire qui monte à la T…, où nous devions passer la journée. Il était dix heures, le matin, et personne encore dans la gare… Le train attendait, seul avec sa machine trapue et bizarre, qui semble une protestation contre les lois de l’équilibre, une machine comme il en passe parfois dans les rêves de fiévreux. Le temps était doux, un soleil clair allumait les herbes, parmi des ombres déjà dures, sous un petit bois d’oliviers, qui, de terrasses en terrasses, escaladait le flanc de la montagne… Et déjà nous attendions, depuis dix minutes, quand deux employés sortant de la gare se mirent à se promener, de long en large, sur la voie, à pas très lents, les mains croisées derrière le dos.

Un voyageur qui s’impatientait demanda :

— Est-ce qu’on ne part pas ?… Qu’est-ce qu’on fait ici ?