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que M. Pasquain le lui expliquait, le Code en main.

— Le Code, le Code !… essayait-elle encore de discuter. On lui fait dire tout ce qu’on veut, au Code. C’est toi-même qui le prétends.

Mais sa résistance devenait plus molle. Un beau jour, elle finit par déclarer :

— Après tout, nous avons été si longtemps gênés et mal à l’aise, que nous pouvons bien nous payer le plaisir d’un peu de confortable.

— Mais oui, appuya M. Pasquain. Et te voilà enfin raisonnable !… Mon Dieu ! la vie n’est déjà pas si longue… Un peu de bon temps, va !… Ça n’est pas de trop, quand on peut !…

— Ça c’est vrai !

Elle s’attendrissait :

— Et puisque les enfants sont contents !… Qu’est-ce que je demande, moi ? Que les enfants soient heureux. Le reste n’est rien. Avoue tout de même que nous nous sommes trop précipités. Ça n’a pas été très sage… Et puis, cette grande maison, jamais nous ne pourrons l’entretenir avec nos deux domestiques.

— Mais si ! mais si ! déclara M. Pasquain. Tu te fais des monstres de tout. Eh bien ! tu prendras une petite fille, en plus, une petite fille de dix francs par mois.

— Enfin ! Pourvu qu’on soit heureux ! Pourvu qu’on soit bien !…

À partir de ce moment Mme  Pasquain, sérieuse