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Le Polonais


La maison où demeure le Polonais est, sur la route, près de la forêt, pour ainsi dire, enclavée dans la forêt ; une cahute indiciblement misérable, dont les murs en torchis s’écaillent, dont le toit de chaume, çà et là crevé, s’effondre, montrant les lattes pourries. Devant la maison s’étend un petit jardin, un petit carré de terre où poussent librement les herbes sauvages, et qu’entoure une palissade en ruines. L’été, quelques soleils dressent au-dessus des herbes, vers la lumière, leur capitule orangé. Quand vous passez sur la route, devant cette maison, une odeur vous vient qui fleure la crasse, le fauve, la pourriture cutanée et vous pique aux yeux. Des quatre enfants qui grouillaient, comme des vers, dans cette ordure, trois sont morts, emportés dans une épidémie de diphtérie ; le dernier n’est jamais là… Il rôde, dans les rues de la ville, sur les trottoirs, à la fois maraudeur et