Mon Dieu, je sais bien, qu’au point de vue étroit, ce que je désire de vous, ce que mon amie attend de vous, ce n’est peut-être pas moral, moral…
Oh ! la morale !… vous y croyez, vous, à la morale !…
J’y crois, j’y crois… cela dépend… Par exemple… oui je crois qu’il faut de la morale, dans les choses qui peuvent se savoir, mais qu’elle est absolument inutile dans les choses qui doivent rester ignorées… Pour moi, la morale, c’est une affaire de conscience… par conséquent, très large, très souple, très élastique…
Je vais plus loin… Il n’y a pas de morale… Philosophiquement parlant, la morale n’existe pas. Où la voyez-vous ? Est-ce que la matière est morale ? Comment définir cette morale qui change avec les races, les mœurs, les climats, la nourriture ? Ce qui est moral dans un pays est souvent immoral dans un autre, et réciproquement. Considérons l’humanité en général, cher ami… et dites-moi ce que peut bien signifier une morale qui varie suivant que les zygomas sont plus ou moins proéminents, les lobes cérébraux plus ou moins asymétriques ?… Aussi, tenez, aux îles de la Société, l’avortement est un devoir, et l’infanticide un dogme…