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Sagesse qui gardez intacte la Croyance,
Sagesse au noir haïk drapé de mille plis,
vous portez le fardeau des destins accomplis,
l’auréole du rite et de l’expérience !

Ô Sagesse très sage ! — Avec vous j’ai goûté
l’aride sol poudreux et la douceur kabyle,
et j’ai participé, dans la paix immobile,
à vos libations de soleil et d’été…

Un jour… C’était un jour sans ombre et sans buée,
et le cher jardin clos demeurait engourdi,
et je suivais des yeux sur les fleurs de midi
une abeille camuse aux pattes engluées ;

la mer non loin creusait son golfe de saphir,
la chaleur débordait comme de mains trop pleines,
et je sentais, puissante et lourde dans mes veines,
une onde paresseuse à la fin m’envahir ;

et les poivriers-nains pleins de senteurs amères
laissaient tomber leurs fruits au creux de mes genoux…
Sagesse d’Orient, que ne possédez-vous
mon âme de désir, de risque et de chimère !