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son regard luit dans son maigre visage,
ses dents ont la blancheur laiteuse des nuages
et des lunes ; l’écume inquiète des mers,
sans relâche a baisé de blancs flocons amers
les fleurs jumelles de ses seins de vierge.

Ô ce chant qui s’élève, qui plane, qui rassemble
toutes les Sœurs musiciennes ! — Cheveux d’ambre,
cheveux d’or fauve, de pâle argent ; cheveux
entremêlant leurs ondes molles ; cheveux qui semblent
des sillages aussi, tandis qu’Elles, glissant
souples, de vague en vague, et poursuivant chacune
sa compagne, et se quittant, et se reprenant,
en des jeux délicats et puérils confondent
leurs féminines chairs avec les molles ondes.
Et chacune, mêlant sa voix aux proches voix
de chacune, et chacune innombrable à la fois
et seule, et sœur des vagues, et sœur des vents nocturnes,
chacune dit la glauque ardeur des eaux,
les yeux phosphorescents qui luisent dans les sables,
les forêts d’algues insaisissables,
les mille méandres, les mille réseaux,
et les secrets jardins où sont écloses,
orangées, violettes, roses,